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Orange Sports 10-06-2014 - 17:40
par Thomas Siniecki
Lavillenie: "Confirmer, je m'en fous"
Renaud Lavillenie, bien remis de sa blessure au pied, est présent mercredi à Oslo pour la cinquième étape de la saison de Diamond League. Il revient sur son record du monde, ce que ça a changé pour lui mais aussi les nouveaux réflexes des observateurs, qui ont désormais tendance à dévaloriser ses performances sous les six mètres.
Renaud, dans quelle mesure votre blessure au pied - contractée dans la foulée de votre record du monde en février - peut-elle influer sur votre saison, sur votre pic de forme censé arriver en août aux championnats d'Europe ?
A partir de mi-juin, je suis rétabli à 100%. Août, c'est quand même super loin, et si je mets sept mois pour me rétablir de ça, j'arrête le sport (sourire) ! Il n'y a pas de problème. Je suis mieux que l'année dernière à la même période malgré la blessure, je suis donc assez confiant.
Avez-vous la volonté de confirmer les 6,16m cet été ?
Confirmer, je m'en fous (rires). Je n'ai rien besoin de prouver à personne, c'est juste la quête d'aller toujours un peu plus haut. Tout le monde me parle de faire le record cet été parce que c'est mieux en salle qu'en extérieur, mais ça me passe à des années-lumière. Mon objectif, c'est de battre mon record en plein air, donc sauter entre 6,05m et 6,10m. Après, on reste toujours tributaire des conditions. En salle, je n'ai jamais de problème de vent ou de pluie, alors qu'à l'extérieur, c'est rare que la météo ne mette pas son grain de sel. J'aurai plus de plaisir à franchir quatre fois 6m que de passer 6,10m et faire 5,80m derrière... Plus je vais être régulier, plus la quête du titre sera en bonne voie.
Est-ce que votre perception visuelle des barres à 6m a changé ?
Non, c'est plus les gens qui vont se dire que 5,80m ou 6m, c'est nul parce que j'ai déjà fait 6,16m. Alors que même l'année dernière, 5,90m, c'était une grosse performance. Il ne faut pas banaliser et je ne le fais pas. Même lorsque je fais 5,80m, je connais la mesure de cette performance, son niveau. Le seul avantage, c'est que j'ai déjà franchi 6m à sept reprises. Quand je m'y attaquais il y a deux ans, je faisais parfois des erreurs dues à l'impatience. Désormais, je suis capable de le faire plus sereinement car j'ai plus de repères et d'habitude à cette barre. C'est la seule grosse différence.
"Je ne vais pas l'amener à 6,40m"
Vos voyages à l'étranger depuis le record du monde, notamment aux Etats-Unis, ont-ils témoigné d'un changement de statut, de dimension ?
C'est comme en France. Peu importe où je suis, c'est difficile de se retrouver seul (sourire). Mine de rien, ça a une influence. Avant que je devienne champion olympique, il y avait quand même pas mal de moments où je pouvais me retrouver seul, faire des activités sportives sans être trop sollicité... C'est désormais impossible. Quoi que je fasse, il y aura du monde derrière, je n'ai plus la tranquillité que j'avais auparavant. Du coup, il faut être encore plus organisé, sinon c'est le bordel.
On a l'impression que vous êtes plutôt présenté, désormais, comme recordman du monde que comme champion olympique... Sans doute est-ce dû, aussi, à la puissance de la barre que vous avez franchi: 6,16m, c'est mythique, un peu comme les 9m à la longueur...
D'abord, c'est tout nouveau. J'ai passé un an et demi à être présenté en tant que champion olympique, et là, ce qui est arrivé, c'est limite plus rare. Ça fait partie de la nouvelle vague, c'est marquant. Il y a presque eu plus de retours après ça qu'à la suite des JO. Après, les gens visualisaient bien Sergueï Bubka, il a quand même marqué le sport en général. Personne n'avait parié un euro sur le fait que le record du monde tombe en 2014. Cette ampleur fait que ça ne peut pas passer inaperçu, sinon ç'aurait été illogique. Quand on voit ce qui est parfois mis en avant... On me dit qu'on se souvient quand il sautait centimètre par centimètre, toute sa génération a vécu les records en direct et ne s'attendait pas à le revoir de sitôt, donc ça marque.
Etes-vous tenté, d'ailleurs, par cette amélioration du record centimètre par centimètre ?
Je n'ai pas de plan. Il a pris le record à 5,91m et l'a amené à 6,16m, je ne vais pas le prendre à 6,16m et l'amener à 6,40m. Ça va donc être beaucoup plus compliqué. On n'est pas sur la même période économique non plus... J'en ai déjà fait un, c'est bien. Si j'en fais deux, c'est très, très bien. Mais je ne pense pas en faire 15. Je ne me pose pas de question.
Revoyez-vous souvent le saut de votre record ?
Je l'ai pas mal revu, oui. Peut-être pas 10 fois par jour, mais pas mal... C'est intéressant de pouvoir travailler dessus. Le regarder, bon... Il est beau, il passe, il n'y a pas d'erreur, c'est bien... Mais le but, c'est de le prendre et de voir ce qui va et ne va pas. Et surtout ce qui ne va pas, ce qui pourrait être amélioré pour que ça soit encore mieux. Il y a forcément de petites choses à régler, il faut s'en servir aussi en guise de comparaison. C'est mon meilleur saut, donc il y aura une sorte de parallèle qui sera fait avec tout ce que je vais réaliser ensuite, à l'entraînement comme en compétition. Est-ce que ça s'en rapproche ? Si oui, qu'est-ce qui va et ne va pas ? L'objectif, c'est de retourner sur cette ligne de conduite pour faire un jour encore mieux. Ce n'est pas gagné, mais ça fait un beau challenge.
With a personal tranlation :
"
Confirm ?... I don't give a damn.Lavillenie, fully recovered from his foot injury, is this Wednesday in Oslo for the fifth stage of the Diamond League season. He comes back to his world record, to what it has changed for him but also to new observers reflexes, which now tend to devalue his performances when under six meters.
Renaud, how can your foot injury - contracted just after your world record in February - affect your season, your shape peak supposed to occur in August at the European Championships?From mid-June, I'll be back to 100%. August is a long way off, and if it had taken seven months to recover, I would have stopped doing sport (laughs)! There is no problem. I'm better than last year at the same period despite this injury, so I'm pretty confident.
Will you confirm those 6,16 m this summer?Confirm ?... I don't give a damn (laughs). I have no need to prove anything to anyone, I'm just in quest to jump always a little higher. Everyone tells me to beat the record this summer because it looks better to do it outdoors than indoors, but it's lightyears from my concerns. My goal is to beat my outdoors record, so to jump between 6.05 m and 6.10 m. But it's always dependent on conditions. Indoors, there is never any problem of wind or rain, while outdoors, it's rare that the weather does not put his two cents. I will have more fun in passing 6m four times than to succeed in 6.10 m one day and 5.80 m the day after... The more I'll be regular, the more the quest of a new title will be on the right way.
Did your visual perception of 6m bars change?No, some people will say that 5.80 m or 6m sucks because I already did 6.16 m, while even last year, 5.90 m was a big performance. We must not trivialize those heights and I do not. Even when I pass 5,80 m, I know the extent of this performance level. The only advantage I have now is that I've jumped 6m seven times. When I was trying this height two years ago, I sometimes made mistakes due to impatience. Now I am able to do it more calmly because I have more of benchmarks and I'm more used to this bar. This is the only big difference.
"I will not bring it to 6.40 m"Did traveling abroad after the world record, including the United States, witnessed a change in your status, your dimension?It's like in France. Where ever I am, it's hard to stay alone (smile). Casually, it has an influence. Before I became Olympic champion, there was still a lot of times when I could stay alone, play sports without being too badgered ... It is now impossible. Whatever I do, there will be a lot of people behind, I have no more the peace than I had before. So, you have to be more organized, otherwise it's a mess.
One has the impression that you appear now more as world recorder than as an Olympic champion ... No doubt this is due also to the power of the bar you passed : 6.16 m is legendary, like the 9m in length ...At first, it's brand new. I spent a year and a half as an Olympic champion, and then what happened is in a pinch rarer. It's like a new wave, it left its mark on. I almost had more feedback after that than the result of the Olympics. People well remember Sergei Bubka, he left his mark on sport in general. Nobody would have bet any euro on the fact that the world record will fall in 2014. This magnitude makes that it can not go unnoticed, otherwise it would have been illogical. When we see what is sometimes put forward ... I am told that one remembers when he jumped cm by cm, all this generation saw his records in live and did not expect to see it again soon, so it leaves its mark on.
Are you tempted, indeed, by improving your record centimeter by centimeter?I do not have a plan. He took the record from 5.91 m and brought it to 6.16 m, I will not take it from 6.16 m to 6.40 . It will be much more complicated. It is not on the same economic times either ... I already made it one time, that's fine. If I'll do twice, it'll be very, very well. But I do not think 15 times. I do not ask me questions about that.
Do you often review the jump of your record?I've seen it a lot, yes. Maybe not 10 times a day, but quite a few ... It's interesting to work on. Look, well ... It's handsome, it passed, there is no error, it's a good jump... But the goal is to take it and see what worked and what did not. And especially what was wrong, what could be improved so that it goes even better. There always has small things to set, it should also be used as a comparison. This is my best jump, so there will be a kind of parallel which will be done with everything then I'll realize, during training as in competition. Does it get closer? If yes, what works and what does not? The goal is to return to this course of action to do even better one day. It's not a given, but it's a great challenge."
